a

Chris avait marché d'un pas guilleret dans Bellamy Street pour se rendre chez lui. La raison de cette allégresse était Mary-Gold, qui se trouvait quelques centimètres derrière lui. Chris lui avait tenu la main et l'avait emmenée avec lui, aussi vite que possible. La tigresse changait si souvent d'avis ! Mais ces précautions avaient été tout à fait inutiles. Mary l'avait suivi docilement, ce qui était très surprenant.
Ils se trouvaient à présent sur le seuil de la maison de Chris. La porte était fermée à clé, ce qui dérangea beaucoup Chris. Il n'avait pas ses clés et il savait que sa sœur était partie en week-end avec des amis. Mary, commençait à le regarder d'un air interrogatif et semblait prête à se moquer. Chris ne voulait pas perdre la face devant elle et surtout, il ne voulait pas qu'elle parte dans un de ses fou rire légendaire. Il avait des voisisns quand même !
Il eût heureusement la présence d'esprit de regarder sous le pot de fleur où sa sœur lui avait dit un jour qu'il y avait un trousseau de secours. Effectivement, il y en avait un. le jeune homme bénit silencieusement sa sœur et invita Mary, tremblante de froid à entrer.
Il bénit une seconde fois sa chère sœur quand il vit que la maison était impeccablement rangée. Il se tourna vers la jeune fille et ne pu s'empêcher de sourire. Elle le mettait indéniablement de bonne humeur. Il ne pourrait pas dire pourquoi mais c'était une certitude. Enfin, il ne devait pas être trop gentil avec elle, sinon, elle risquait d'en profiter pour faire des caprices.

- Je vais allumer un feu. Tu peux aller à l'étage chercher des fringues sèches dans ma chambre ou celle de ma sœur. Ne regarde pas trop le dawa dans ma chambre, ca sera mieux pour toi.

Mary acquiesça et partit aussitôt dans les escaliers. Elle connaissait le chemin. En tout cas, elle devait vraiment avoir froid. Chris avait quelques remords, c'était entièrement de sa faute. Il alluma le feu mais la jeune fille ne redescendait pas. Il en profita pour ôter ses vêtements trempés et passer un pull noir et un jean noir qui traînait derrière le canapé.
Puis il courut à la cuisine et mit une préparation au chocolat toute faite dans le four. Il eut un sourire sarcastique, Mary croyait toujours qu'il était un cuisinier hors-pair, et il n'allait pas démentir. Ensuite, il alla chercher une bouteille de whisky et la posa sur le table basse devant le canapé. Il s'installa confortablement et attendit Miss Maupassant. C'était fou tout ce que Chris avait eu le temps de faire en attendant que la demoiselle se change. Il eut tout à coup peur. Si elle s'était attaquée à son armoire ? Il se cala plus confortablement dans le canapé et essaya de rester calme. La chaleur bienfaisante du feu l'aida beaucoup.

Mais il se releva vite. Il avait oublié un truc capital. Il trottina en direction de la cheminée et ouvrit la petite urne dessus. Il sortit sa poudre magique. Mary- Gold était exigeante, il fallait assurer le spectacle. Il sourit en pensant aux flammes vertes. Entre ça et le gâteau, il avait vraiment l'impression de la manipuler. Mais il reprit une expression impassible quand il entendit les marches craquer. Il ne voulait pas que la paranoïa de la jeune fille réaparaisse.


a

Mary-Gold arriva donc devant chez Chris, avec ce dernier. Il se mit à chercher des yeux quelque chose et Mary' se demanda un instant si il n'avait pas oublié ses clés quelque part. La jeune fille posa ses yeux rieurs sur Chris, l'air de dire "T'es bête ou quoi ?" mais elle n'eut pas le temps de se moquer vraiment car au moment où elle ouvrait la bouche pour lâcher un sarcasme, Chris souleva un pot de fleur et prit des clés qu'il enfonça dans la serrure. La jolie blonde fit la moue. Au pire, ils auraient pu aller chez elle car elle aussi habitait Bellamy's Street, juste en face de chez Chris d'ailleurs, mais ce ne fut pas nécessaire, ils entrèrent dans une maison impeccablement rangée, ce qui étonna Mary-Gold car elle savait que son meilleur ami était disons... Bordélique. Mais elle ne s'attarda pas sur ce détail car elle avait vraiment très froid. Le beau jeune homme se tourna vers Mary' et lui fit un joli sourire. La jeune fille aux yeux bleus ne put s'empêcher de sourire à son tour ; impossible de ne pas sourire quand Chris vous souriait comme ça. "Je vais allumer un feu. Tu peux aller à l'étage chercher des fringues sèches dans ma chambre ou celle de ma sœur. Ne regarde pas trop le dawa dans ma chambre, ca sera mieux pour toi."

- Ca maaaaaarche !!

Mary-Gold était déjà en haut. Lorsqu'on parlait de fringues, elle ne se contrôlait plus. Arrivée en haut, elle hésita. Aller dans la chambre de la soeur de Chris qui avait des vêtements de filles ou aller dans la chambre de Chris qu'elle connaissait... Le choix était dur. Elle savait qu'elle se sentirait coupable si elle piochait dans la chambre de la soeur de Chris qu'elle ne connaissait pas trop, finalement. Elle entra donc dans la chambre du beau brun... Et faillit faire une crise cardiaque en voyant ce qui trainaît de partout. Elle se demanda un instant comment on pouvait vivre là-dedans mais suivit le conseil de Chris et ne regarda pas trop, c'était effectivement mieux pour elle. Elle ouvrit le placard et se mit à farfouiller. Elle dénicha un t-shirt long (enfin, long pour elle) et enleva ses fringues qui lui collaient à la peau. Elle fut cependant obligée de garder ses sous-vêtements, tant pis. Elle soupira et regarda la pièce. Elle n'allait pas laisser ça en bazar, quand même ?
Et puis, Chris ne lui en voudrait pas si elle rangeait un peu...
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle se mit à tout ranger, rassembler, plier, elle mit même les vêtements sales dans le panier prévu à cet effet mais que le jeune homme ne semblait pas avoir vu, elle aéra, fit le lit et au bout de dix minutes, tout était clean.

Elle soupira de soulagement. C'était comme si elle arrivait mieux à respirer. Elle se sécha les cheveux à la va-vite et se regarda dans le miroir. Et voilà, comme elle l'avait prédit, ses cheveux étaient maintenant tout lisses et tout plâts. Elle soupira encore et descendit les escaliers, en bas, un bon feu l'attendait... Avec des flammes vertes !!! Mary-Gold ne put retenir un petit cri d'exclamation.

- Maiiiiis-euh ! T'as profité du fait que je regardais pas pour faire les flammes vertes !!!

Elle courut vers le feu et regarda attentivement autour. Rien. Comme d'habitude, elle ne savait pas comment avait fait Chris. D'ailleurs, elle était en train de se demander inutilement si Chris était son vrai nom... C'est pas censé être un diminutif ou un truc comme ça ? Il devait s'appeler Christian, un truc dans le genre... Bref. Suspicieuse, elle mangea un petit petit bout de gâteau et soupira de bien être.

- Tu cuisines toujours aussi bien, à croire que tu as toujours un gâteau préparé dans ton frigot !

Mary-Gold coula un regard tendre à son meilleur ami et lui ébouriffa gentiment les cheveux. Elle se sentait d'excellente humeur, manger lui fit du bien et au bout de sa deuxième part, elle avait reprit un peu de couleurs. A peine sa deuxième part terminée, elle se leva avec désinvolture et dit :

- Pause pipi, je reviens tout de suite !

Elle s'en alla gaiement vers les toilettes. Elle se dégoûtait franchement mais elle n'avait pas franchement le choix : il ne fallait pas qu'elle grossisse ! Elle ferma la porte derrière elle, s'accroupit au-dessus des toilettes, les larmes au yeux et enfonça son index dans sa gorge en s'efforçant de ne pas haleter.

Après avoir fini, Mary-Gold alla près du lavabo et se rinça la bouche En relevant la tête, elle croisa son reflet dans le miroir et eut soudain envie de pleurer. Où était passée la Mary' lumineuse qu'elle était avant ? La Mary' qui n'avait pas peur de ce qu'on pensait d'elle et qui faisait uniquement ce qui lui plaisait ? Elle était partie, Mary-Gold avait été affaiblie, comme une tigresse qu'on aurait droguée pour qu'elle soit moins agressive, moins imprévisible. En regardant ses yeux d'un bleu presque blanc dans le miroir, la blondinette constata à quel point ils avaient l'air triste. Mais bon, elle ne devait pas s'appitoyer sur son sort. Elle sortit de la salle de bains avec son air un peu maladif de d'habitude. Lorsque la jeune fille vit Chris, l'air si triste, le front appuyé contre la pierre, elle sut que quelque chose n'allait pas. Il savait. Il dit à Mary-Gold d'une voix très froide : "Et bien, elle était longue cette pause pipi. Tout va bien ?". La gorge de cette dernière se déssêcha en un clin d'oeil. Elle déglutit. Il l'avait tellement prise au dépourvu qu'aussi bonne actrice qu'elle pouvait être, elle ne réussit pas à masquer son inquiétude. Avouer sa faiblesse ou faire comme si tout allait bien ? Pour une femme fière comme la jeune Canadienne, le choix n'était pas difficile. D'un autre côté, si Chris savait déjà quelque chose, il serait peut-être blessé s'il apprenait qu'elle ne lui avait rien dit.

- Je...

Vraiment, elle ne savait pas quoi dire. D'un autre côté, que pouvait-on dire lorsque notre meilleur ami nous surprenait en train de se faire vomir ? Mais la question était, est-ce que Chris avait vraiment entendu Mary' se faire vomir ? En tout cas, s'il n'était pas sûr avant, après la courte réplique de Mary-Gold... Que faire ? Que dire ? Quelle attitude adopter ? Le temps passait et la top model aux yeux bleus restait là, sans bouger. Elle n'avait qu'une seule chose à dire, une seule... Elle sentait qu'elle allait pleurer. Pour la première fois depuis environ un an, Mary-Gold avait envie de pleurer. Elle ravala ses larmes, la gorge serrée et réussit à articuler.

- Je suis désolée !

Et, sans crier gare, elle explosa en larmes. Elle se mit à sangloter en se cachant le visage de ses mains, elle se sentait tellement faible, elle était tellement en colère contre elle-même que ça la faisait pleurer encore plus.


[désolée, c'est un peu court et en plus j'ai mit du temps à répondre u_u]

Le ton froid de Chris intimida la jeune femme. Elle avait tellement envie de pleurer qu'elle avait l'impression d'avoir les yeux qui sortaient de leurs orbites, sa gorge était sèche, serrée. Chris savait, elle en était sûre. Elle aurait voulut qu'il le sache d'une autre façon... bon, allez, soyons honnête, elle aurait préféré qu'il ne le sache jamais. Elle avait tellement honte ! Elle se sentait tellement faible. Et, par fierté, elle n'avait parlé à personne de cette faiblesse. Elle avait l'impression d'être une autre, la vraie fille qu'elle était n'était pas comme ça, en quelques années elle avait tellement changé qu'elle se faisait peur à elle-même. Elle avait envie de se foutre des claques. Elle ne put se contenir plus longtemps, toutes les peines qu'elle avait contenues explosèrent, elle se mit à pleurer parce qu'elle avait honte, parce qu'elle s'en voulait d'être ce qu'elle était mais aussi, elle s'en voulait de faire un coup pareil à son frère d'âme, elle s'en voulait d'avoir fugué de chez elle... Toutes les années où elle n'avait pas pleuré remontèrent à la surface et ce fut un véritable torrent. Mais le vrai problème, la vraie chose qui avait tout déclanché c'était le fait qu'elle soit une fille. Si elle avait été un garçon, ses parents l'auraient aimée, l'auraient chérie et aujourd'hui elle aurait été le riche héritier de deux puissants aristocrates, cousins éloignés de la reine, Mary-Gold aurait été un riche Lord Anglais, adulé et célèbre. Son destin était tout tracé. Malheureusement, ses gênes avaient été XX au lieu de XY.

En voyant que Mary' pleurait, Chris se radoucit. Il traversa les quelques mètres qui les séparaient et la prit dans ses bras. Pour la première fois de sa vie, Mary-Gold se laissa faire, d'abord parce que c'était Chris, son presque frère - la seule personne à l'avoir jamais vue avec un doigt dans le nez - et aussi parce qu'elle n'avait plus la force de lutter, elle était vidée, fatiguée, elle n'en pouvait plus. Dans les bras de Chris elle avait l'impression d'être une poupée de porcelaine. Elle avait envie de s'écarter, de montrer à Chris à quel point elle était un monstre. Mais elle était trop égoïste et trop fatiguée pour pouvoir le faire. "Chut, ça va... Ça va aller...". Comme Chris était rassurant... La jeune Canadienne avait envie de le croire, elle s'accrochait à la seule chose qu'il lui restait : de l'espoir.

-Je suis tellement désolée... Si tu savais comme je m'en veux... Je me dégoute... Je suis désolée... Désolée de t'avoir fait un coup pareil.

Comme une enfant prise en faute, elle continuait de murmurer "Désolée, désolée" inlassablement, comme si ses mots pouvaient la soigner. Elle avait l'impression que tout les "désolée" du monde ne suffiraient pas à la faire pardonner. "On va s'en sortir, ne t'inquiètes pas." Le fait que Chris emploie "on" réchauffa le coeur de la jeune femme, elle se sentit moins seule comme si elle n'était plus seule maintenant, qu'elle avait quelqu'un sur qui se reposer. Chris répéta qu'ils allaient s'en sortir, comme si ces mots-là aussi pouvaient tout soigner. Il ajouta seulement "Il faut juste que tu me parles". Alors c'était si simple que ça ? Un désir de s'en sortir submergea Mary-Gold. Elle allait redevenir forte et redevenir digne d'être une Lady, ses domestiques lui avaient donné une bonne éducation, elle se sentait capable de tout... Ou presque... Elle ne se sentait pas capable de grossir. Elle arrêta de pleurer. Il fallait qu'elle se reprenne. Une étincelle dans ses yeux semblait s'être rallumée, comme si elle avait prit conscience de quelque chose d'important. C'était le cas. Il fallait qu'elle parle. Elle devait s'en sortir.

Elle était consciente que le chemin serait long et laborieux mais avec son meilleur ami, elle savait que tout ne se ferait pas en un claquement de doigt, elle s'était foutue dans un puits, maintenant, elle avait l'impression d'avoir trouvé une piste pour s'en sortir. Peut-être que dans quelques années elle pourrait à nouveau aimer quelqu'un et être aimée ? Elle prit la main de Chris dans la sienne qui était osseuse, avec de longs doigts qui ressemblaient à des pattes d'araignées et le fit asseoir sur son canapé, un soupçon de détermination dans son regard bleu-blanc qui restait quand même triste. Il fallait qu'elle parle ? Elle en trouverait la force. Et aussi long que pouvait être le chemin qui l'attendait, elle arriverait jusqu'au bout, avec Chris. Elle essuya ses joues trempées.

-Bon. Je suis prête à parler. Que veux-tu savoir ?

Demanda-t-elle d'une voix encore un peu chevrotante mais qui avait retrouvé un peu de force. Elle plaignait le pauvre Chris qu'elle avait embarqué dans son histoire. Il ne l'avait jamais connue au mieux de sa santé. Elle avait vraiment envie qu'il connaisse la Mary' forte et pleine de culot qu'elle était autrefois et pas la Mary' acerbe et fausse qu'elle était aujourd'hui. Enfin, remarque, elle avait toujours été un peu acerbe et fausse mais bon.

-Excuse-moi de te demander ça mais, je ne connais presque rien de toi alors j'aimerais entendre ton histoire si ça ne te dérange pas. Je me suis toujours demandée si tu t'appelais vraiment Chris. Je sais que le moment est mal choisit mais... Bah, et puis, y'a pas de mais, j'ai envie de savoir par pure curiosité et je ne m'en cache pas.

Quand on dit que Mary-Gold est lunatique... Enfin, les gens lunatiques existent mais autant... Il faut le voir pour le croire mais je vous assure que ça s'est vraiment passé comme ça, elle a vraiment changé d'humeur comme ça... Chris peut témoigner.

La demoiselle avait bien remarqué que Chris hésitait, voir même regrettait. Il regrettait de s'être embarqué dans cette histoire, Mary-Gold l'avait bien comprit. Elle était sincèrement désolée de lui avoir fait un coup pareil. Il était la deuxième personne à l'avoir vue pleurer, avec son meilleur ami d'enfance Sky... S'appelait-il vraiment Sky ? Non, il s'appelait Ciel, ce qui revenait au même... Quoique... Mary' ne se souvenait même pas de son prénom ni des traits exacts de son visage mais elle se souvenait qu'elle avait joué avec Sky-Ciel depuis les couches. Et elle l'avait laissé, comme une vieille chaussette... Enfin presque... Mais ce n'était pas le problème du moment, revenons à nos moutons. En l'occurence, Chris. Ils s'étaient assis sur son canapé, la blondinette était en train de sécher ses larmes. Elle n'avait pas l'impression de bien se rendre compte de la situation, ni de son vrai problème. Mais pour la première fois depuis un bon bout de temps, elle se rendait compte que la situation était grave : elle n'allait pas bien. Elle avait... Un problème de santé, pour le moment, la jeune mannequin n'arrivait pas à penser qu'elle était A-N-O-R-E-X-I-Q-U-E, elle ne voulait même pas l'imaginer. Mais au fond d'elle-même elle le savait, elle l'avait toujours su. Elle savait que l'anorexie était une maladie mentale grave qui avait de graves répercutions sur l'organisme et qui pouvait être mortelle, le malade se voyait toujours plus gros qu'il ne l'était.

Pourtant, Mary-Gold n'avait pas l'impression de déformer comment elle était. Elle était plutôt grande, avec des petits pieds et des grosses cuisses, des fesses un peu trop grosses et un ventre pas assez musclé mais c'était la réalité ! Elle dit à Chris qu'elle était prête, qu'elle voulait bien parler. Elle savait qu'il fallait parler, analyser son problème, peut-être n'était-ce même pas de l'A-N-O-R-E-X-I-E ?, essayait de penser la jeune Canadienne, mais elle savait que c'était ça, il n'y avait aucun espoir à avoir. Même dans une circonstance comme celle-là son esprit lunatique fit encore des siennes et elle pensa aux origines de Chris, elle lui demanda de tout lui raconter, sur sa vie, sur lui... Il répondit d'une voix qu'il voulait sans doute légère : "Oulà, je vais pas te laisser me cuisiner comme ça. On fait un truc, tu poses une question, je réponds et ensuite je te pose une question, etc. Donnant, donnant. Ça te va ?". Mary-Gold émit un grognement d'approbation. Le fait de devoir parler d'elle ne lui plaisait guère, elle avait envie de tout savoir sur Chris sans lui parler d'elle mais elle savait que ça serait impossible. Il répondit à sa question. Il s'appelait donc Christopher... Et ne voulait pas que ça se sache !

"Pas de problème, Chris, tu peux me faire confiance, je range cette info' dans un coin de ma tête mais je ne dis rien à personne."

De toute façon, pour elle il restera toujours Chris... Quand même... Christopher, ça lui faisait bizarre... Mais elle en rirait plus tard, là dans l'immédiat elle n'avait pas vraiment envie de rire... Elle fit un sourire à Chris, qui voulait dire "t'inquiète" mais elle le rata un peu, elle paraissait un peu crispée, comme si les muscles du bas de son visage n'avaient plus l'habitude de sourire. Elle commenca à se demander quelle question Chris lui poserait, elle espérait que ce ne serait pas une question gênante, où à laquelle elle n'avait pas du tout envie de répondre, du genre, sa nationalité exacte ou le nom de ses parents. La voix de Chris la sortit de ses pensées. "A moi, où est tu née ? Et quelle est ta nationalité exact ?".

Oh merde. Bon, elle était obligée de répondre, non ?

- Canada.

Lâcha-t-elle entre ses dents, le moins audible possible en y mettant vraiment de la mauvaise volontée. Mais bien vite, elle se sentit coupable, après tout, Chris faisait beaucoup beaucoup d'efforts pour elle alors elle devait aussi en faire. Elle soupira.

- Je suis née à Kincardine, au Canada, ma mère est d'origines et de nationalité Russe et mon père est de nationalité et d'origines Françaises avec des origines Anglaises...

Elle n'en dit pas plus, il fallait pas abuser quand même !

- A moi !, lâcha-t-elle joyeusement avant de continuer :Pourquoi vis-tu seul avec ta soeur sans tes parents ? Enfin, ou alors pourquoi tes parents ne sont jamais là parce que je ne les ais jamais vus...

Il y avait un nombre incalculable de questions que Mary-Gold avait envie de poser à Chris(topher) !! Elle était immobile, tendue vers Chris, attendant le moindre mot, le moindre bruit qui pourrait sortir d'une partie ou d'une autre de son anatomie.

[HRP : désolée du temps que j'ai mit à répondre, j'essaye de faire des efforts , j'te jure ><]

Chris se mit à boire et Mary-Gold l'imita bien vite, dès qu'il eut finit sa première gorgée, elle lui arracha presque la bouteille des mains pour en avaler un peu, elle aussi. Elle poussa presque un soupir de soulagement. C'était comme si un poids c'était enlevé de ces épaules... Un petit peu. Et puis, elle n'allait pas laisser son meilleur ami boire tout seul, non ? Elle avala encore une petite gorgée, pour la route. Elle donna à Chris sa nationalité exacte mais il la regarda, l'air un peu abruti et elle se rendit compte qu'il avait déjà oublié. Elle soupira. "Ah ben, heureusement que tu n'as pas l'accent Canadien !", répliqua Chris. Les lèvres de Mary s'étirèrent en un demi-sourire, toujours un peu cynique. Elle lâcha entre ses lèvres en imitant parfaitement l'accent Canadien.

-T'inquiète donc pas, j'aurais jamais l'accent Canadien.

Le Whiksy l'avait un peu détendue... Elle ne savait pas si c'était bien ou pas. Malgré la gravité de la situation, elle n'arrivait pas à rester sérieuse... Mais elle n'arrivait pas à rire non plus. La jeune femme demanda à Chris où étaient ses parents, mais regretta tout de suite cette question... Elle sentait que ce n'était pas un sujet à évoquer. Oh, et puis zut, de toute façon, elle n'était pas connue pour son tact alors bon. "Ma mère est morte..en me mettant au monde. Mon père est parti, il ne voulait pas deux enfants à charge. Je ne sais pas où il est." Chris avait l'air... Triste ? La bouche de Mary' s'ouvrit et se referma, comme si elle allait dire quelque chose. Elle fut prise d'un irrésistible instinct maternel envers Chris qui avait pourtant le même âge qu'elle. Ce n'était pas juste. Elle passait son temps à se plaindre et à se faire des problèmes alors que des gens biens comme Chris naissaient dans la merde ! Elle était née avec une vie parfaite... Enfin, sans parents, mais Chris... Chris n'avait rien eu.

Enfin, il n'était pas tout blanc non plus, Mary-Gold le savait... Non, en fait, elle ne le savait pas, mais elle l'imaginait, personne n'était tout blanc ou tout noir... A cet instant précis elle se rendit compte qu'elle ne connaissait presque rien de la vie de Chris, il parlait très peu de son passé. C'était très triste, en un sens. Que pouvait-elle dire ? Qu'elle était désolée pour Chris ? Elle ne l'était pas. Enfin, si... Un peu. "Et tes parents à toi, ils ont où ? ", s'enquit Chris.

- Ho... Ils sont... Pas là. Je veux dire, tu sais qu'ils sont pas là... Heu... ben...

Mon dieu, comme c'était difficile de parler de soi-même, en fin de compte !

- Mes parents sont à Londres.

Il y a à peine quelques minutes, elle avait un nombre incalculable de questions à poster à Chris mais maintenant... Il y avait comme un voile de tristesse dans la pièce.

- Je suis désolée, je n'aurais jamais du te demander ça... Je n'aurais pas du... Oublie, tu veux ? Tu pourras me parler si tu en as besoin, tu sais que je suis là...

Elle avait l'impression qu'elle allait pleurer. Pourquoi, elle n'aurait su le dire, elle ne pouvait s'empêcher de contempler la bouteille vide de Whisky entre les mains de Chris. Elle avait même les yeux humides. Elle n'allait pas re-pleurer, non, elle devait se contrôler, elle n'allait pas pleurer. Non, non, non, non, non... Elle avait des problèmes, certes, mais Chris en avait aussi, il l'avait déjà aidée plus que personne ne l'avait jamais fait...

La journée prenait un tournant que Mary-Gold n'aurait jamais imaginé, quelque chose qui hésitait entre le pathétique et le dramatique, elle ne savait pas vraiment quoi en penser et la demi-bouteille de Whisky qu'elle venait de siffler ne l'aidait pas à avoir des idées claires. Chris avoua à son amie que sa mère était morte en couches et que son père était partit. Mary ne répondit rien, se contentant de le regarder, avec cet air toujours hautain qu'elle avait, même dans des situations comme celle-ci. Elle eut une espèce de moue dégoûtée, comme si elle allait rendre le Whisky, mais ne dit rien. Ses yeux de chat fixés dans ceux de Chris. Il n'y avait rien à dire. Désolée ? Elle ne l'était pas. Toutes mes condoléances ? Elle n'avait jamais connu la mère de Chris. Elle hocha tout simplement la tête, pour montrer qu'elle avait comprit. Elle trouvait vraiment dommage que Chris n'ait pas connu ses parents, elle trouvait ça dommage parce qu'elle était pareille. Oui, ses parents étaient vivants, oui, ils avaient vécu dans la même demeure... Mais Mary-Gold ne passait jamais de temps avec eux, ils avaient confié son éducation à des domestiques, à des maîtres d'école, et étaient partis faire leurs petites affaires... Mary' s'était toujours demandée pourquoi ils n'avaient pas eu un autre enfant...

Chris demanda à la jolie blondinette où étaient ses parents à elle. Elle répondit évasivement, tout comme l'avait fait Chris. Elle s'excusa ensuite. Elle dit qu'elle n'aurait pas du aborder le sujet, que c'était idiot, et Chris répondit que ce n'était pas grave et qu'elle ne pouvait pas savoir. Réconfortée, Mary' se cala dans le canapé avec son habituel sourire narcissique et hautain sur les lèvres. "Et on a du mal à croire que je suis un pauvre orphelin quand on voit comme je suis parfait. Et puis, on arrête ce jeu stupide. J'ai pas envie de finir en larmes sur ton épaule. Elle est bien trop osseuse !", continua Chris sur un ton plus léger, plaisantin. Mary-Gold eut un petit sourire lorsqu'elle entendit les premières phrases, mais la dernière la laissa sans voix, et son sourire s'évanouit aussi vite qu'il était apparu. Se redressant de toute sa hauteur, elle adressa un sourire meurtrier à Chris.

"Tu trouves ça drôle ? Tu te trouves drôle ?"

Elle avait trouvé ce commentaire tellement déplacé qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de laisser échapper cette phrase. Se rendant compte qu'elle venait d'agresser son meilleur ami, elle écarquilla les yeux et se laissa retomber sur les coussins. Comme si de rien était, elle dit, avec un sourire forcé qui restait quand même mauvais et amer sur le visage :

"Tu as raison, arrêtons ce jeu..."

Chris se leva et alla mettre de la musique, il dit quelque chose du genre "place à la fête maintenant !". Mary-Gold se leva à son tour du canapé, le monde tanguant un peu autour d'elle. Elle se mit à danser, pour se défouler un peu. Ils dansèrent ainsi pendant quelques minutes, Mary-Gold éclata de rire. Soudain, la sonnerie de son portable retentit de la poche de son sac. Surprise, elle alla le chercher, en remerciant dieu qu'elle ne l'ait pas dans les poches lorsque Chris l'avait jetée à l'eau quelques heures plus tôt. C'était un e-mail. Elle reconnut tout de suite l'adresse de ses parents et se figea. La musique sembla s'éteindre derrière elle, tout n'était qu'ombre. Alors, ils s'étaient enfin souvenus d'elle ? L'objet du message était "bonne nouvelle !". Hein ? Elle ouvrit fébrilement le message et regarda. C'était une jolie carte éléctronique, sûrement une image. Mary' remarqua qu'elle n'était pas la seule à qui ses parents avaient envoyé le message, apparemment, ils avaient séléctionné toute leur boîte mail. Un peu refroidie, elle jeta un coup d'oeil dédaigneux à la carte et lu ceci :


NON ! Le monde sembla s'écrouler autour de la jeune fille. Un petit frère... Ses parents lui avaient fait un petit frère... Elle porta la main à son front. C'était un rêve, elle avait du mal lire... Non, c'était bien ça.... Jeremiah-Weiss... Weiss... Weiss signifiait "blanc" en germanique. Mary-Gold laissa échapper un rire nerveux. Elle s'était toujours demandée pourquoi ses parents, qui voulaient tant un garçon pour assurer leur descendance, n'en avait jamais fait... Et bien ils l'avaient fait. A la pensée qu'un petit con allait bientôt prendre place dans ses appartements, manger à sa table, être chouchouté par ses domestiques... La jeune fille n'en pouvait plus. Elle s'assit sur le canapé.

- Oh merde.

Elle priait le dieu des Lady de l'excuser de cette vulgarité, mais là, c'était vraiment la seule chose à dire. Elle leva les yeux, cherchant Chris et...